Nathalie Héricourt

Plasticienne

Démarche artistique

barre

J’aime prendre l’air, voilà pourquoi c'est plus particulièrement autour du paysage que se développe ma démarche artistique.
S'il a été plus ou moins présent tout au long de l'histoire de l'Art et traité de façons différentes en fonction de la lumière de la couleur, des formes ou de la matière, selon l'époque où il a été peint, le paysage reste l'identité de la nature, une entité avec laquelle on ne peut pas tricher. La "Nécessité intérieure" m'a amenée à le rentrer en dedans avant de le peindre. Rarement sur le vif, mes dessins et toiles sont essentiellement travaillés à l'atelier et en série.

Ils se livrent plus comme des choses à sentir que comme des oeuvres à déchiffrer avec des références culturelles et philosophiques aiguës. Bien que longtemps guidée par "Le zen dans l'Art chevaleresque du tir à l'arc" de E. Herrigel (un petit traité sur la concentration pour viser juste), mes paysages se prennent pour des promenades. Réduits à quelques traits, ils laissent libre l'imagination du spectateur, laissent son oeil se perdre. J’aime me perdre.

Au fur et à mesure des années, je me suis élévée et mes peintures se sont peu à peu transformées en vues d'avion synthétisées, en cartes poétiques. Depuis 1989, mes toiles sont à plat, au sol, pendant le travail.

Je laisse l'eau travailler pour moi, la pompe, l'éponge, la fais ruisseler. Les aléas des rencontres des pigments sur la toile me font penser que la nature reprend ses droits et guide (presque) seule le résultat. Dans le sillage de Morris Louis ou Helen Frankenthaler, je laisse sa part au hasard, en contradiction totale avec la première démarche du "viser juste".

C'est de cette contradiction que naissent la variété et la richesse. Ainsi, depuis 2000, mes peintures s'inscrivent dans un processus de sédimentation, d'accumulation de lignes qui peuvent faire penser à des horizons successifs, à un paysage sans fin, à des bords de mer à marée basse ou l'on ne distingue plus le solide du liquide ou du gaz.
Passant de la terre au ciel, tantôt, je reste au sol, tantôt mes paysages redeviennent des vues aériennes.

Lorsque j'aborde d'autres sujets, en dehors du calme des paysages, j'ajoute un brin d'ironie, un trait d'humour, souvent dans les titres, comme dans la série des jouets. Les mots sont forts, ils jouent bien. Méfions-nous. Ils donnent une autre dimension à l'oeuvre et la portent au jugement de l'esprit. J’aime agir. Sur la toile ou sur tout autre support. Entre l’œil et la main il n’y a que le geste qui soit.

I enjoy being outside, which is why my artistic approach revolves around landscapes. Landscapes have appeared throughout art history, although the light, color, forms, and material used to depict them have varied over time. No matter how or when they are painted, landscapes reflect nature, something which cannot be faked. An inner need drives me to be in nature before I can paint it.
My drawings and paintings are rarely executed on the spot, and are mainly done in my workshop as part of a series.
They are something to be experienced rather than works to be interpreted using astute cultural or philosophical references. Although my work was long guided by “Zen and the Art of Archery” (a short work by E. Herrigelon exploring the need for concentration to aim accurately), my landscapes are like walks. Reduced to a few simple lines, they allow one’s imagination to roam free and lose itself.
I like to lose myself. Over time, my point of view, and my paintings have gradually evolved. My works are now, poetic postcards, resembling the view from an airplane window.
Since 1989, I paint with my canvasses placed flat on the ground. I let water work for me, using pumps and sponges, enabling colors to trickle together.
The chance encounters of pigments on the canvas make me think that nature is coming back into its own and (almost) guiding the result. In the footsteps of Morris Louis and Helen Frankenthaler, I let chance play a role, in total contradiction with my initial efforts to “aim accurately”. 
Variety and richness is born from this contradiction. Since 2000, my paintings are born of through a process of sedimentation, of accumulating lines that suggest successive horizons, endless landscapes, a shore at low tide where solid land cannot be distinguished from liquid or gas.
While my feet are rooted on the ground, my landscapes are views from the sky.
When I tackle other subjects, I add a touch of irony, a splash of humor, often in the titles, such as in the toy series. Words are strong, they play well. Take care. They give another dimension to the work that carries with it a twist of judgment. I like to act. On a canvass or on other material. All there is between the eye and hand is a simple gesture.